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Page:Grand’Halte - Les gaités d’un pantalon, 1921.djvu/28

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LES GAÎTÉS D’UN PANTALON

Candide, elle balbutia :

— Ça doit être le gros !

Cette réflexion n’étant qu’un prélude, elle franchit le seuil de l’échoppe.

Deux hommes noirs et une grosse dame également noire, assis autour d’une table branlante, buvaient du marc. Ils jetèrent à l’intruse un coup d’œil dépourvu de bienveillance.

Cet accueil frigide aurait dérouté un orateur habitué à la tribune ; il laissa paisible Léa Cayon. D’un timbre flûté, elle réclama :

— J’ voudrais un p’tit ligot !

La grosse dame fit « ah » et envoya son coude dans les côtes de son époux afin de l’inviter à servir la cliente. L’homme se refusa à comprendre ; il cracha par terre et articula :

— Un p’tit ligot !

Et il fixa son compagnon.

Celui-ci, depuis un instant, reniflait avec persistance. Il eut bien vite une certitude :

— Bougre !… ça sent la violette et la jacinthe ! Il osa regarder Léa qui souriait.