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Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/176

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CHAQUE POTIER

— Six cent mille francs ! s’écria le banquier. Eh ! mais, il n’en faut pas davantage pour soumissionner un joli tronçon de chemin de fer. Placez cet argent chez un capitaliste bien famé, il le fera valoir dans des entreprises sûres ; l’intérêt vous sera servi à quatre pour cent, vous aurez une part dans les bénéfices de la maison, et dans dix ans vos capitaux seront doublés. La banque règne et gouverne aujourd’hui.

— Nous y penserons, mon cher Gambier, dit M. Deslongrais ; et poussant Gabriel du coude, il murmura à son oreille ces mots : M. Josse !

Bientôt après tous les deux arrivèrent chez un notaire, d’âge mûr, qui faisait les contrats de la famille.

— Ah ! monsieur Dupuis, dans quel temps vivons-nous ! s’écria M. Deslongrais. Vous connaissez les affaires de mon neveu, le pauvre garçon ne sait à quel usage appliquer sa fortune ; nous venons vous consulter.

Le notaire parut réfléchir un instant.

— Ceci est très-délicat, Messieurs, dit-il enfin ; les opérations de bourse sont aléatoires, et les prêts sur hypothèques d’une liquidation pénible ; la propriété mobilière est accablée d’impôts, et les revenus n’en sont jamais certains. Je crois que le plus sage serait d’acheter une bonne charge à Paris. Une charge met le titulaire en position de faire un beau mariage ; elle lui assure un rang honorable dans la société et des bénéfices considérables ; les charges tiennent à présent le haut du pavé. Je connais une personne qui, pour des raisons de santé, a quelque désir de vendre la sienne. Voulez-vous que je lui en parle ?

— Parlez-lui-en ; reprit M. Deslongrais, et tout bas il