Aller au contenu

Page:Grangé et Millaud - Les hannetons.pdf/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ALLÉE.

Ces jolis petits yeux, démolis !…

LE PRINTEMPS.

Ces ravissantes petites mains ?

L’ALLÉE.

Démolies !

LE PRINTEMPS.

Ce petit nez, ces petits pieds, ces petits… toutes ces petites choses ?

L’ALLÉE.

Démolies !… supprimées !…

LE PRINTEMPS.

Eh quoi ! démolir une si charmante personne !…

L’ALLÉE.

Ah ! monsieur ! je suis bien malheureuse, bien infortunée !

LE PRINTEMPS.

Le fait est que vous pleurez comme si vous étiez l’allée des veuves.

L’ALLÉE.

Est-ce qu’on n’a pas l’idée de faire de moi une rue ?

LE PRINTEMPS.

Voyez-vous, c’est un besoin qu’on a comme ça de changer de temps de temps ! il y a des rues à Paris où l’on a planté des arbres pour en faire des squares, et maintenant on déracine des arbres pour faire des rues… Voyez-vous, tout change, c’est comme les gouvernements !

L’ALLÉE.

C’est tout de même bien vexant, allez !

Air nouveau d’Offenbach.
I
Hélas, il va couper mes arbres,

Le bûcheron envahisseur !
On va faire tomber mes marbres
Sous le marteau démolisseur !
J’avais de si beaux ombrages
Sous lesquels on ne voyait pas,
Et j’avais de si frais feuillages
Où l’on pouvait parler tout bas.
J’étais si bonn’, si charitable,
J’avais des petits coins cachés,
On pouvait s’ rouler sur mon sable…
Ça f’sait tant d’ plaisir aux bébés !

II
Que vont dev’nir les militaires ?

Que vont dev’nir les bonn’s d’enfants ?