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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/109

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mon caractère, chère madame ? Vous comprendrez que, du jour où je m’aperçus que pour cela, du moins, elle était sincère, j’aie pu me lasser d’elle ? Moi, qui ai des idées un peu féminines sur l’amour ; moi, qui demandais à ma maîtresse de remplacer l’affection de la mère et des sœurs que je n’ai pas eues. J’ai eu des désespoirs qui l’ennuyaient, j’ai rêvé des dévouements dont elle riait. J’ai tout fait pour qu’elle m’aime, et, j’ai fini par me détacher en reconnaissant qu’elle n’est pas susceptible d’aimer… Elle n’est ni méchante ni dépravée… elle est vaniteuse et égoïste…

Suzanne allait parler ; il l’arrêta, avec un sourire triste :

— Laissez-moi dire !… Je la connais mieux que vous, j’ai assez souffert par elle !… Germaine est un joli et doux animal, gracieuse et tendre à la surface. En réalité, rien ne la touche qu’elle-même ; elle sacrifiera tout, impitoyablement, à sa fantaisie, à son plaisir, quels qu’ils soient.