Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soudaine, une sensation aiguë la traversa qui la fit se rejeter en arrière, retirant vivement ses mains, chaudes de l’étreinte du jeune homme. Puis, embarrassée de sa brusquerie sans motif avouable, elle se pencha, essuyant la vitre pour s’occuper, la respiration brève, l’esprit très loin des remerciements dont Robert la couvrait.

Maintenant, la voiture longeait la Seine de son trot ralenti. Un brouillard était venu, blanc et lourd. Au-dessus du parapet de pierre lisse, la rivière coulait verte et glauque, sillonnée de temps en temps par un bateau omnibus qui filait, ridant l’eau trouble, son pont désert et glacé. Plus loin, le brouillard tombait épais, voilant les seconds plans terminés brusquement.

Peu à peu, le silence de Mme Leydet gagna Robert. Alors que ce qui les préoccupait était résolu heureusement, un trouble lui venait de se trouver seul si près d’elle, avec l’intimité de leurs corps se frôlant dans l’étroitesse de la voiture. Pour la première