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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/189

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tait suffisante, en ces courts instants de délire, pour ne pas détruire la réputation qu’elle avait construite si laborieusement, et l’empêcher de se jeter à la tête du premier venu qui l’aurait obsédée le lendemain.

Dans ses amours systématiquement réglés il n’y avait pas place pour la satisfaction de ses sens ; elle arrivait aux rendez-vous avec la froideur de ses calculs, et le seul désir de plaire, qui n’existe plus quand la jouissance naît.

Cette nuit-là, enfin, elle satisfaisait avec passion les rêves qui l’avaient longtemps hantée. D’ailleurs, quelque chose de plus intellectuel lui rendait l’étreinte de Robert plus désirée : depuis qu’elle avait revu tous les jours le jeune homme, vécu fraternellement avec lui, un attachement lui venait qu’elle ne connaissait pas auparavant et dont la douceur lui faisait regretter d’avoir repoussé insoucieusement la tendresse dévouée que lui offrait son amant, au temps de leur liaison. Le premier sentiment de l’amour