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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/195

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fille comme toi devrait être raisonnable… Tu as une figure !… Tu n’es pas raisonnable.

Yvonne leva les yeux lentement, avec la fatigue des paupières qui ont longtemps retenu des larmes. Et, appuyant avec tendresse sa main sur le genou de sa sœur, elle dit douloureusement :

— Je ne suis pas fatiguée. Ce n’est pas cela qui me change ainsi.

Et, comme Robert revenait déjà, suivi de Baptiste qui portait un plateau chargé, elle ajouta seulement, avec un long regard à la silhouette élégante du jeune homme :

— Je te dirai cela plus tard. Quand nous serons seules.

Pourtant elle paraissait calme, et Suzanne essayait de repousser les craintes qui la serraient à la moindre alerte, en la voyant causer presque gaiement, ne quittant pas Robert de ses yeux tendres, au regard blessé ; acceptant des assiettes chargées avec sollicitude par le jeune homme ; auxquelles, à la vérité elle ne touchait pas.