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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/202

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qu’une nouvelle possession les eût réunis de nouveau. Malgré l’évidence, son honnêteté se refusait à admettre cette faute inouïe, honteuse ; cette trahison de la sœur et cette inconcevable lâcheté du fiancé ; avec ses habitudes chastes, elle ne pouvait croire à cet accouplement rapide, effronté, cynique, au hasard des surprises.

Alors, troublée, une rougeur lui montant de remuer dans sa pensée ces images de la saleté humaine, elle essaya, avec des phrases maladroites, de démontrer que les soupçons de sa sœur étaient mal fondés. Et elle donnait plutôt à penser que sa conviction était contraire, tant ses mots sonnaient mal, faussement, dans son inhabileté à mentir.

Mais, à son étonnement, Yvonne paraissait facile à persuader. La première explosion de sa colère tombée, elle restait très faible, indécise, au fond, passionnément éprise du jeune homme, avec un ardent besoin de croire qu’elle s’était trompée, prête à rejeter, pour un temps, les soupçons qu’elle consi-