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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/206

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vitres et assombrissant le salon d’une lueur terne.

Le temps paraissait long à Suzanne, ses pensées sortant, malgré elle, du roman qu’elle parcourait machinalement : quand un véritable chagrin, une angoisse étreint l’âme, les fictions des livres paraissent bien fades, les bâtissures bien grossières, l’imitation de la vie réelle bien éloignée de la vérité.

Enfin, Robert entra, très tranquille, le visage reposé et paisible. Tendant un gros paquet de roses et de violettes de parme à Suzanne, il dit gaiement :

— Puisque c’est vous qui êtes ma fiancée aujourd’hui, vous allez prendre cela.

Mais, Suzanne sérieuse, déposa, sans un regard, les fleurs sur une table. L’explication qu’elle devait provoquer faisait battre son cœur très vite, dans une émotion douloureuse. Cependant, courageuse, elle parla tout de suite, ne voulant pas laisser engager la conversation par des lieux communs.

— Monsieur Champanel ! Depuis le jour