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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/226

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admettras-tu qu’il puisse te jeter à la porte, se débarrasser de toi qui souilles son nom, comme d’une misérable maitresse ?… Un peu de procédure et cela sera fait… Cela te touche-t-il, cela ?… toi, si folle de ta situation, de ton monde, de ta réputation ?

Un instant, Germaine resta atterrée, dans le vague émoi de la menace et la souffrance de l’étreinte que sa sœur resserrait toujours davantage. Puis, avec une rage froide, elle se débarrassa nerveusement des mains qui la meurtrissaient inconsciemment ; et, s’adossant à la cheminée, elle dévisagea Suzanne avec haine, une colère relevant sa lèvre supérieure, naturellement courte, et blémissant l’entour de sa bouche.

Là, elle aurait voulu être forte et libre de tuer, de hacher cette sœur qui la bravait, qui la faisait souffrir à crier dans son amour-propre inviolé jusque-là.

— D’abord, dit-elle avec une affectation de calme, je te prie de ne pas me toucher ! tu as des mains d’honnête femme… autrement