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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/258

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L’agent s’inclina ; et, comme s’excusant :

— Rien n’avait pu établir son identité, madame.

Alors, toute l’ignominie de cette mort apparut soudain à Suzanne. Jusque-là, elle était restée dans l’abrutissement de ce coup subit, ne pouvant raisonner, se répétant, le sens de ses paroles lui échappant malgré elle, que sa sœur était morte, que c’était fini à jamais, qu’elle l’avait vue la veille pour la dernière fois. Maintenant, mille épouvantes nouvelles surgissaient pour accompagner cette mort terrifiante. Elle se représentait, avec une pitié révoltée, le corps profané de la malheureuse Germaine, ses blessures béantes étudiées par une foule, son sang répandu, sa figure décomposée ; et, dans un retour de tendresse éperdu pour cette victime, elle fermait les yeux sur ses fautes, avec un désespoir immense, une colère qui montait contre le meurtrier, contre le misérable qui avait pu l’assassiner. L’assassiner ! rien que ce mot était horrible