Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tringles de cuivre luisantes. Une odeur forte régnait, venant du laboratoire d’un pharmacien qui occupait une des boutiques du rez-de-chaussée. Et cette odeur ramenait Suzanne à l’horreur de la chambre de là-bas, avec la bouteille oubliée et les linges sanglants.

Elle sonna plusieurs fois ; et, comme la grosse fille qui vint enfin ouvrir semblait avoir perdu la tête, elle entra carrément, ordonnant péremptoirement :

— Allez dire à Mme Esterat que j’ai absolument besoin de lui parler.

Quand la bonne interdite fut sortie, ayant d’un geste machinal introduit la visiteuse dans le salon ; Suzanne s’assit, sentant enfin dans le silence et l’abandon de la pièce aux persiennes demi-closes, la fatigue énervée qui lui coupait les jambes.

Cette chambre froide et triste parlait d’une existence de vieille femme solitaire. Près de la fenêtre, il y avait un fauteuil usé avec une têtière de guipure, devant une table à