Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrage empire, où des lunettes, un livre et un tricot étaient posés : la place habituelle de la maîtresse du logis.

Au-dessus des quelques meubles de velours rouge, des portraits pendaient : des pastels décolorés ou de mauvaises peintures à l’huile. Seule dans un cadre simple de bois noir une figure de vieille femme se détachait, énergique et vraie sur un fond sombre. En bas, une date récente et la signature de Paul Esterat furent tout à coup une lumière pour Suzanne. Elle se souvenait d’avoir remarqué ce portrait et ce nom au Salon de 188.

Et, peu à peu, dans l’honnêteté triste de cet intérieur, une gêne lui venait d’y faire irruption avec des reproches sanglants, et elle se demandait quelle raison impérieuse l’avait poussée tout à l’heure irrésistiblement à cette démarche.

Enfin, Mme Esterat entra. C’était bien la vieille femme du portrait. Vêtue de noir, elle s’avançait très droite, le regard perdu ; des cheveux blancs donnaient une douceur à ses