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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/30

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ses doigts qu’elle n’arrive jamais à serrer suffisamment pour le compter.

Quelquefois, un regret lui venait, un dégoût la saisissait de cette existence inutile, bruyante, banale et creuse qui ne la satisfaisait même pas toujours. Mais sans volonté pour réagir, elle retombait vite dans un grand apitoiement d’elle-même, avec la conviction qu’aucun effort n’aboutirait, s’abandonnant sans courage, rejetant le blâme de sa vie sur l’homme qui l’y avait entraînée.

D’ailleurs, comment pourrait-elle s’intéresser à un intérieur où elle serait éternellement solitaire, avec la pensée poursuivante de l’indifférence et de l’oubli du mari ? Son enfant suffirait-il à la retenir, lui qu’on a accueilli avec ennui, déplaisir, presque avec haine ; lui qui, à peine au sortir du ventre de la mère a été jeté avec précipitation dans des bras étrangers ? L’affection maternelle, quand elle n’est pas innée chez la femme, naît des soins et du contact continuel de la petite créature venue d’elle. L’enfant confié