Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la commenter à l’aise, tandis que les dernières pelletées de terre tomberaient sur le cercueil de leur amie.

Quand les voitures de deuil ramenèrent le mari et les sœurs à la maison mortuaire, la cérémonie enfin terminée, Suzanne s’échappa, marchant au hasard dans les rues, avec le besoin d’être seule, de penser à l’aise après cette contrainte poignante de tout le jour. Dans le fond, préoccupée, mordue d’un désir qu’elle ne voulait pas s’avouer.

La pluie avait cessé ; le temps était gris, sale, chargé d’humidité ; la boue noire incessamment remuée souillait jusqu’aux trottoirs, remontant en éclaboussures grasses le long des devantures des magasins. Pourtant, la foule s’agitait sans cesse, avec un grouillement plus serré autour des stations des omnibus, toujours combles. Les voitures crottées couraient. La multitude était plus pressée, plus vivante, par ce temps hargneux et triste que par les belles après-midi de soleil où la paresse attarde chacun.