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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/318

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Sur le quai, le long de la Seine, il fallut bien que Suzanne laissât s’affirmer dans son esprit le but qui l’attirait. C’était la Morgue qu’elle voulait voir. Elle ne voulait que passer auprès de cette sombre maison de la mort cruelle et honteuse. Elle avait besoin de voir les murs où sa sœur avait été portée. Elle ne s’expliquait pas cette curiosité, c’était une obsession. Elle se reprochait maintenant sa course affolée chez Mme Esterat. Qu’avait-elle besoin de plonger dans cette autre douleur qui jamais ne se mêlerait plus à la sienne ? Elle n’aurait pas dû quitter Robert ; c’était elle qui devait chercher sa sœur, elle n’aurait pas eu cette incertitude cruelle, cette ignorance de ce qu’on avait fait, de ce qui s’était passé pendant ces heures cruelles.

À mesure qu’elle approchait, un désir plus vif lui venait d’aller jusqu’au bout, d’entrer, de voir, de se figurer exactement le passage de sa sœur dans cet endroit hideux. Une émotion pénible l’envahissait, et pourtant elle