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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/35

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Au bout d’un an de séjour à Paris où ils s’étaient installés en se mariant, le docteur Leydet avait décidé de s’établir à Issoudun, où il était né et que sa mère habitait encore.

D’abord, Mme Leydet mère, pour qui il avait une grande vénération, désirait beaucoup ce rapprochement ; ensuite, il pensait que la vie de province serait favorable à ses travaux scientifiques.

Ce fut le premier sacrifice sérieux auquel Suzanne se résigna. Elle eut un véritable déchirement en quittant sa mère qu’elle adorait, l’intérieur tendre et doux de sa famille où ses sœurs habitaient encore, les lieux qui lui étaient familiers depuis l’enfance. Le pays où on la menait lui apparaissait hideux et triste ; sa belle-mère l’effrayait, et, dix ans après, elle se souvenait avec amertume des larmes qu’elle avait versées pendant de longues journées : les premières larmes de sa vie ; celles qui paraissent les plus douloureuses.

Cependant, elle s’était faite à sa vie,