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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/53

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réellement elle-même, fière de son pouvoir et de ses responsabilités ; libre de montrer sa force d’aimer, son dévouement, la valeur de son âme : épreuve dans laquelle les unes se brisent et les autres deviennent plus fortes.

Suzanne l’écoutait tristement : Germaine avait raison, leur sœur était romanesque.

À elle, que dix années de ménage avaient instruite, le mariage semblait plutôt la période des rêves brisés, tournant court ; le moment où toutes les réalités de la vie se montrent, dures et palpables, s’imposent, inexorables. C’est un bel idéal, en effet, deux êtres se fondant en un seul et se complétant l’un l’autre. Malheureusement, les plus convaincus s’aperçoivent bien vite de l’impossibilité de ce rêve. La nature est là, qui a fait deux êtres complets, distincts, dissemblables, et que rien ne peut unir. Le semblant d’entente ne peut venir que de l’annihilation entière de l’un au profit de l’autre, et Suzanne, tout en admettant que