Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/70

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il n’attachait aucune réalité, il s’enthousiasmait en parlant du voyage triomphal qu’ils feraient dans le pays des Khans et des Rajahs. Il détaillait les costumes nécessaires ; les bagages, les tentes, les armes, les provisions, les malles perfectionnées dont ils se précautionneraient. Il fallait un matériel de route splendide et pratique : une escorte, presque une armée les accompagnerait. Et quel spectacle que ces peuples si différents de notre banalité, ces pays de saleté pittoresque, de chameaux, de guenilles et de tissus resplendissants sous le ciel écrasant, d’un bleu fluide.

Ce n’était plus une étude de chemin de fer qu’il rêvait ; mais la conquête du progrès et de la civilisation sur des peuples presque sauvages. Il voyait déjà la ligne s’allonger, déposer la file interminable de ses stations, l’uniformité de ses rails pareils à Paris et à Samarcand, et jeter le flot des voyageurs européens sur ces terrains incultes qui ne demandaient que l’envahissement de l’in-