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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/82

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quefois pénible, auquel, pour s’y soumettre, on devait attacher un but plus solide que le plaisir. D’un autre côté, elle s’irritait de voir Georges gagner de fortes sommes, et en consacrer la plus grande partie à son existence et à ses plaisirs particuliers. Une rage lui venait de tout cet argent qui roulait à côté d’elle sans fruit pour ses convoitises ; elle voulait en gagner aussi ; le gagner seule, afin de le sentir bien à elle, libre de tout contrôle. Son corps pouvait seul le lui procurer : elle s’en servit.

— Vois-tu, disait-elle de sa voix troublée, tu ne me comprendras peut-être pas, mais ce mystère entre nous, c’était ma dernière honnêteté… Il ne savait rien de moi… J’étais une femme et c’est tout… Il n’a rien eu de moi… Ce n’est pas Germaine qu’il possédait, c’était une inconnue, que, rentrée chez moi, je pouvais oublier aussi… Jamais je n’aurais pu être la maîtresse d’un homme de notre monde… le voir, lui serrer la main en public… subir la torture de le rencontrer dans toutes