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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/118

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Fait si, qu’entour sanz nul délai,
S’assemblent tous et clercs et lai[1].

La miniature placée en tête du miracle représente un moine vêtu d’une robe noire qui tient un cierge immense, tandis que le ménestrel, qui porte une robe rouge, est agenouillé et joue de sa vièle en regardant l’image de la Vierge. Cette peinture est mutilée, l’image de la Vierge a été coupée. C’est pourquoi nous n’avons pas cru devoir la reproduire ici[2].

Il n’y avait pas que devant les images de la Vierge et des saints que l’on chantait et jouait de la vielle ; les bretteurs s’offraient aussi des concerts très variés avant d’aller ferrailler au coin d’une ruelle ou d’un carrefour :

À ceulz de Rome veul un petit repairier
Qui contre leur seigneur moult noblement aloient ;
Trompes, harpes, naquaires et vièles sonnoient ;
Nus ne porroit conter la feste qu’il faisoient
À pièce ne pensassent au duel qu’il atendoit.

(Roman de Florence de Rome.)

Ainsi que nous l’avons déjà dit, la vièle était un instrument d’accompagnement :

Quant un chanterre vient entre gent honorée
Et il a en droit soit sa vièle atrempée
Jà tant n’aura mantel, ne caste des ramée
Que sa première lais ne soit bien escoutée.

(Huon de Villeneuve.)

Mais on s’en servait aussi pour jouer les airs des chansons et les populariser :

Cil jongleur en leurs vièles
Vont chantant ces chansons novels.

(Roman de la Poire.)
  1. Gautiers de Coinsy. Les Miracles de la Vierge, manuscrit, Bibl. nat.
  2. Le même miracle se reproduisait un peu partout. Le plus célèbre est celui de « la sainte chandelle d’Arras » xiiie siècle.