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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/121

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n’en est pas moins du xiiie siècle[1] et l’auteur a bien écrit :

Et pent à son col la vièle.

Or, une seule vièle à archet se jouait de cette manière, c’était la rote, et il nous paraît peu probable que l’élégant Gérard se soit présenté avec un instrument presque aussi grand que notre violoncelle, pendu à son cou et appuyé contre son ventre, dont le moindre inconvénient aurait été de le masquer presque complètement. Il nous semble plus logique d’admettre que l’auteur s’est servi du mot vièle parce qu’il était plus répandu.

Un exemple du même genre se trouve dans un manuscrit du xve siècle, qui a pour titre Le Pèlerinage de la vie humaine. Une des vignettes représente un ménestrel jouant de la vielle à roue, et le texte dit :

Assés près de ce chasteau estoit
Qu’avoie ouy qui vielloit
D’une vielle avec son chant.

Du reste, les poètes modernes agissent de même et ne se préoccupent pas toujours de la vérité. Dans Mignon, d’Ambroise Thomas, au premier acte, avant le charmant duo des Hirondelles, Mignon dit à Lothario : « Donne-moi ton luth », et celui-ci lui passe tranquillement une petite harpe. De sorte que si, dans deux ou trois cents ans, on fait des commentaires d’après un dessin représentant cette scène, on pourra dire qu’au xixe siècle le luth était une harpe.

    de Guillaume III, mariée depuis l’an 1208 à Simon de Dammartin, comte d’Aumale, puis en secondes noces, l’an 1243, à Mathieu de Montmorency, sire d’Athichy. Ce roman fut traduit en prose au xve siècle par un anonyme, qui dédia sa version à Charles Ier, comte de Nevers, de Rhetel, baron de Donzy, qui, âgé d’un an hérita, en 1415, des états de Philippe II, son père, sous la tutelle de Bonne d’Artois, sa mère, remariée ensuite, en 1424, à Philippe le Bon, duc de Bourgogne. C’est aux ordres de ce dernier prince que nous devons l’exécution du superbe et unique manuscrit qui nous en reste.

  1. « Cet ouvrage, écrit en vers, parait avoir été publié vers l’an 1230. L’auteur ne dit pas s’il l’a traduit du latin. » Roquefort. État, etc., p. 165.