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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/139

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« Du 2e patron, S. Génois (ou pour mieux dire Genès), il y en a 2 martyrs de ce mesme nom. Le 1 qui estoit excepteur, c’est-à-dire greffier de justice, et ne vouloit enregistrer les sentences iniques données contre les Chrestiens, fut martyrisé à Arles en France. Et l’autre à Rome : pour d’un payen jongleur, latino joculator (diction en Picardie usitée pour basteleur), devenu en un moment chrestien très constant, iusques à souffrir toutes sortes de tourmens et mourir en plein théâtre, présent l’Empereur Dioclétian. C’est cestui-cy qui est patron des menestriers. Aussi est-il figuré et peint avec une vielle[1]. »

Un sceau de cuivre, dont le sujet est emprunté à la légende de saint Julien, fut exécuté pour sceller les actes de l’hospice.

« L’an 1331, il se fit une assemblée au dit hospital de jongleurs et menestriers, lesquels tous d’un commun accord consentirent l’érection d’une confrairie, sous les noms des glorieux saint Julian et Genois, promettans en chacun d’y aider selon ses facultés et moyens. Et en furent lettres passées et scellées au Chastelet le 23 novembre dudit an[2]. »

L’œuvre tirait en partie ses ressources des membres de la corporation ; chaque ménétrier était tenu de recueillir, aux fêtes et aux noces, pour l’entretien de l’hospice, ce que l’on appelait l’aumosne de saint Julien : « Il faut probablement reconnaître dans cette redevance, dit judicieusement Kastner, l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui le droit des pauvres[3] ». L’œuvre percevait en outre la moitié du prix payé pour le droit de maîtrise et le quart des amendes encourues par les membres de la corporation.

On fit richement sculpter la façade de ce monument dans le goût de l’époque.

  1. Ibid.
  2. Ibid.
  3. Parémiologie musicale de la langue française. G. Kastner.