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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/189

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peuple dans les rues et dans les guinguettes, il leur sera permis d’y jouer d’une espèce d’instrument à trois cordes seulement, et connu sous le nom de rebec, sans qu’ils puissent se servir d’un violon à quatre cordes sous quelque prétexte que ce soit. »

Déjà en 1730, le rebec était considéré comme un instrument tombé en désuétude ; car on lit dans la scène iii de l’Industrie, prologue de Zémire et Almanzor, pièce représentée à la foire Saint-Laurent :

Pierrot à l’Antiquité (d’un ton de vieille).

Ici que venez-vous faire ?
Dites, ma bonne grand’mère,
N’y venez-vous point, pour plaire.
Chercher l’eau de Beauté ?


L’Antiquité (montrant le palais).
Air : Griselidis.

Demoisel, quoi qu’on die,
Mon manoir est illec,
Où l’on oit mélodie
De Luth et de Rebec.
Las ! mon doux Fils,
Ce tems-ci ne vaut mie,
Celui de Pétion des Amadis[1] !

Quoique le rebec fût encore usité au xviiie siècle, comme on vient de le voir par l’ordonnance de Guignon, il en reste bien peu de modèles, et la plupart des musées n’en possèdent que des fac-similés. Celui qui a été fait par J.-B. Vuillaume, en 1873, et qu’il a offert au musée instrumental du Conservatoire de musique à Paris[2], est un instrument de fantaisie, car il a un manche de violon.

Nous avons eu la bonne fortune d’en voir un, qui est d’origine allemande, et fait partie de la collection de M. Bedot,

  1. Le théâtre de la foire ou l’opéra comique, t. VIII.
  2. N° 135 du Catalogue.