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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/202

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Jérôme de Moravie a négligé de faire connaître l’accord de la gigue. Nous pensons que, lorsque celle-ci n’avait que deux cordes, on devait les accorder par quintes, comme sur la rubèbe ;
gigue allemande
D’après Lucinius
(xviie siècle).
et que si elle en possédait trois, l’une des manières décrites par cet auteur pour la vièle lui était applicable. Quant à la gigue italienne à quatre cordes, son accord devait être inspiré de la deuxième manière indiquée pour la vièle, mais sans corde double, et le tout à une quarte ou à une quinte plus haut que pour les autres instruments, puisque la gigue était plus petite et par conséquent d’un diapason plus élevé.

Toutes ces suppositions sur les accords ne s’adressent, bien entendu, qu’aux gigues françaises, anglaises et italiennes, qui étaient des instruments aigus. Mais en Allemagne, où il y avait des gigues de différentes grandeurs, que l’on désignait par le nom collectif de geige, et qui, au xvie siècle, formaient un quatuor complet, montées de trois cordes, elles s’accordaient ainsi :

Nous donnons, d’après Luscinius[1], le dessin de la plus petite de ces gigues. Les autres étaient absolument semblables de formes, et n’en différaient que par les proportions. Prætorius donne le dessin d’un instrument semblable (planche XXI de son ouvrage) et le nomme « Geigen ein Octav hôher[2] ».

Ainsi que nous l’avons déjà signalé, le mot geige s’appli-

  1. Ottomari Luscinii. Musurgia, sen Praxis musicæ, etc.
  2. Prætorius. Theatrum Instrumentorum, etc.