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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/203

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quait indifféremment, en Allemagne, à tous les instruments à cordes et à archet. Luscinius appelle « gross Geige » un instrument de forme tout autre, qui est une grande viole à neuf cordes avec un manche court et large, ayant de profondes et hautes échancrures sur les côtés, et un cheviller ployé en arrière comme celui du luth. Nous nous occuperons de cette « gross Geige » dans le chapitre consacré aux violes.

III


pochette avec son archet
D’après Mersenne
(xviie siècle).

Le violon, avec son timbre mordant et incisif, porta un rude coup à la gigue. Bannie des concerts, reléguée à la danse, elle se confondit bientôt avec le rebec et finit par disparaître avec lui. Les maîtres à danser, qui faisaient, comme on l’a vu plus haut, partie des corporations ménétrières, furent les derniers à s’en servir. Mais en même temps que diminuait son prestige, on diminuait aussi la largeur de sa caisse, afin de permettre à ces messieurs de la mettre dans leur poche après chaque leçon. C’est ce qui fit donner à l’ancien instrument rétréci le nom de poche ou pochette ; son peu de son lui valut aussi celui de sourdine.

Voici, d’après Mersenne, le dessin de la pochette imitée de la gigue. Plus tard, la pochette devenant prétentieuse s’attribua les formes du violon.

On peut admettre comme pochette, imitée à la fois de la gigue et du violon, l’instrument que joue Eurydice la Belle, sur la facétieuse estampe du xviie siècle que nous reproduisons.