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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/21

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tendue, est encore joué par les religieux indiens qui vont mendier de porte en porte.

D’après la légende, le ravanastron devrait son nom à Ravana, le célèbre géant hindou à dix têtes, qui enleva Ceylan à son frère Coméra et devint le roi de cette île, environ cinq mille ans avant l’ère chrétienne.

On objecta qu’il était difficile de concilier l’aversion bien connue des peuples de l’Inde pour tout ce qui tenait du règne animal après sa mort avec l’existence, dans l’antiquité de ces peuples, d’instruments de musique montés de cordes fabriquées avec des intestins d’animaux. On ajoutait que ces cordes eussent été certainement pour eux des objets impurs dont ils n’auraient osé se servir sans se croire souillés.

À cela, on pourrait répondre que rien ne prouve que le ravanastron ait été monté de cordes à boyau, que ces cordes pouvaient très bien être faites avec de la soie, ou tout autre produit végétal. La sonorité en eût été bien plus faible assurément, mais les instruments de musique de l’Orient, sauf ceux à percussion, ne brillent pas par l’éclat du son. Du reste, le ravanastron qui a passé de l’Inde en Chine, à une époque certainement assez rapprochée de nous, et où il s’appelle r’jeenn, y est monté avec des cordes de soie.

Mais, si le ravanastron a pu pénétrer dans la Chine, qui n’a pas été jusqu’à ce jour un pays très ouvert, comment admettre qu’il soit resté ignoré des Persans dont les relations avec l’Inde datent des temps les plus reculés ? Et que, par suite, il n’ait pas été connu des Égyptiens, puis des Grecs ? Ainsi l’archet aurait été usité pendant plusieurs milliers d’années dans l’Inde, sans parvenir à la connaissance des peuples les plus voisins, des peuples avec les-