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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/215

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son Bourgeois gentilhomme. Lorsque M. Jourdain reçoit de son maître de musique le conseil de donner, une fois par semaine, chez lui une fête musicale :

Le maître de musique.

Au reste, monsieur, ce n’est pas assez ; il faut qu’une personne comme vous, qui êtes magnifique et qui avez de l’inclination pour les belles choses, ait un concert de musique chez soi tous les mercredis ou tous les jeudis.

M. Jourdain.

Est-ce que les gens de qualité en ont ?

Le maitre de musique.

Oui, monsieur.

M. Jourdain.

J’en aurai donc. Cela est-il beau ?

Le maitre de musique.

Sans doute. Il vous faudra trois voix : un dessus, une haute-contre et une basse, qui seront accompagnés d’une basse de viole, d’un téorbe et d’un clavecin pour les basses continues avec deux dessus de violon pour jouer les ritournelles.

M. Jourdain.

Il y faudra mettre aussi une trompette marine. La trompette marine est un instrument qui me plaît et qui est très harmonieux.

Le maitre de musique.

Laissez-nous gouverner les choses[1].

Il n’y a qu’une voix pour décrier la pauvre trompette marine, car dans son histoire manuscrite de la musique, écrite vers 1760, Dom Caffiaux dit que c’est un instrument dont le son aigre est insupportable[2]. J.-J. Rousseau, qui publia son Dictionnaire de musique en 1768, oublie d’en parler.

  1. Le Bourgeois gentilhomme, représenté à Chambord, le 14 octobre 1670, et à Paris, le 29 novembre de la même année, acte II, scène ire.
  2. Dom Caffiaux. Histoire de la musique, t. I, dissert. 5, p. 113 (Bibl. nat.)