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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/216

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III

Malgré les critiques justes ou injustes qui lui furent adressées, la trompette marine figura longtemps dans les concerts royaux, où elle tint une place très honorable. Elle semble avoir été suffisamment cuirassée pour que les railleries arrivent jusqu’à elle sans l’atteindre. Les artistes qui la jouaient dans la bande de la Grande Écurie des rois de France étaient en même temps joueurs de cromorne[1]. Parmi les titulaires de cette charge, on compte : Alexandre, Jacques, et Nicolas Anglard Danicamp dit Philidor, les trois premiers du nom, Claude Alais, Hames, Edme de Pot dit du Mont, Julien Dernier, Philippe Breteuil, Corbet[2]. Sous Louis XVI, la trompette marine dut céder la place à la contrebasse actuelle ; elle disparut alors, pour ne plus jamais reparaître.

Dans Xerxès, opéra de François Cavalli, représenté d’abord à Venise en 1654, et ensuite à Paris, le 29 novembre 1660, dans la haute galerie du Louvre, à l’occasion du mariage de Louis XIV, il y avait une entrée de marin jouant de la trompette marine.

En 1674, à Londres, on donna des concerts avec quatre trompettes marines, ainsi que le montre cette annonce alléchante :

« Rare concert de quatre trompettes marines, qui n’a jamais été entendu en Angleterre, Si quelqu’un désire l’entendre, il peut se rendre à Fleet-Tavern, près de Saint-James vers deux heures de l’après-midi, tous les jours de la semaine, le dimanche excepté. Le concert durera une heure et recommencera aussitôt après. Les meilleures places sont à un shilling, les autres à six pence[3]. »

  1. Le cromorne était une sorte de hautbois : il y en avait tout une famille.
  2. État de la France, 1702.
  3. Gazette de Londres, 4 février 1674, n° 961. Cité par Halévy.