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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/223

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III

L’époque de transition, de la vièle à la viole, nous offre des modèles nombreux et variés de forme, qui permettent de suivre les transformations successives des côtés de la caisse.

Ainsi, une viole ayant des échancrures dont les extrémités ne sont pas arrêtées
viole à quatre cordes
Psaultier de René II, duc de Lorraine (fin du xve siècle), bibliothèque de l’Arsenal.
et ressemblant à celles d’une guitare, est jouée par un ange que l’on voit à gauche, et en face de celui qui joue du rebec [1], sur le Couronnement de la Vierge de Fra Angolico, qui est au musée du Louvre. Le cordier, le chevalet et les deux ouïes en forme d’oreille sont à leurs places respectives. La touche n’est pas en élévation au-dessus de la table, mais au même plan que celle-ci. Le manche, très long, aussi épais que la caisse, n’a pas sa poignée arrondie, il est carré au-dessous, ce qui devait être fort incommode pour l’exécutant. Trois cordes seulement, sur quatre, passent sur la touche, l’autre est disposée en bourdon et ne peut être actionnée par les doigts, l’archet seul est appelé à la faire résonner. Celui-ci n’est tenu que par le pouce et l’index, les autres doigts de la main droite sont relevés de façon très gracieuse. Ceux de la main gauche ne touchent pas les cordes à plat, comme nous l’avons vu jusqu’ici, mais en s’arrondissant, ainsi qu’on le fait sur le violon. Ces derniers détails font supposer une exécution musicale assez avancée et ne manquant

  1. Nous avons donné cet ange musicien, page 140.