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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/328

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Une bordure en écaille règne autour de cette table. Le cheviller, d’une forme grossière et bizarre, est terminé à son sommet par une arête aiguë. Il est creusé dans le bloc, à la profondeur de 3 centimètres, et percé de quatre trous pour les chevilles des cordes de boyau, lesquelles sont placées sur le devant, dans le plan de la touche. Ces chevilles sont fendues comme celles de nos guitares, pour y ajuster les cordes, lesquelles sont attachées à une queue semblable à celles des violons, s’appuient sur un chevalet, et vont passer par les trous d’une plaque en ivoire, incrustée au-dessus du sillet ; c’est par ces trous que les cordes sont introduites dans l’intérieur du cheviller, pour être attachées aux chevilles qui les tendent. Quatre cordes de laiton, fixées au-dessous de l’attache de la queue, passent sous cette queue et par des trous percés dans le chevalet, puis sous la touche, et vont s’attacher à des chevilles de fer dans l’intérieur du cheviller. L’archet, un peu plus petit que celui de la kemângeh a’gouz, a la même forme[1]. »

kemânger roumy de forme très ancienne


On voit que Fétis n’hésite pas à déclarer que cette kemàngeh roumy « est un instrument évidemment asiatique ». Il n’est cependant pas indispensable, à notre avis, de mettre ses lunettes et son bel habit noir, comme on dit dans les Noces de Jeannette, pour s’apercevoir qu’il n’existe aucune ressemblance, aucune affinité, entre cet instrument et ceux de l’Asie. Pour s’en convaincre, le lecteur n’a qu’à les comcomparer, et il aura bientôt vu qu’ils ne sont pas construits d’après les mêmes principes, d’après les mêmes procédés.

  1. Fétis. Histoire générale de la musique, t. II, p. 141 et 142.