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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/329

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D’origine chrétienne, ainsi que son nom l’indique, cet instrument a été importé en Orient par les chrétiens, et sans nul doute cette importation a dû se faire au moment des croisades, car il rappelle nos instruments en usage au Moyen Age : la vièle à archet, par son manche, son cheviller creusé avec les chevilles en dessous, sa touche, etc., et la gigue par l’étroitesse de sa caisse.

Dans un pays comme l’Orient, où tout se transmet par tradition, lorsqu’un objet est usité depuis trois ou quatre siècles, l’indigène, vous dira de très bonne foi qu’il est connu et pratiqué depuis la plus haute antiquité, et cela, parce que non seulement son aïeul s’en servait, mais aussi son bisaïeul, son trisaïeul, etc. Dans ces conditions, l’instrument de musique importé par les chrétiens au moment des croisades c’est-à-dire au xie siècle, doit, pour tout habitant de l’Orient, remonter jusqu’au déluge. C’est pourquoi nous nous permettons de dire que l’introduction de l’archet en Orient date probablement de l’importation de cette « kemângeh roumy » c’est-à-dire des croisades.

archet arabe
(xviie siècle).

L’archet reproduit d’après un dessin de Villoteau[1] donnera une idée de la construction orientale de cet agent du son.

Tous les instruments à archet de l’Orient que l’on vient de voir sont destinés à disparaître complètement d’ici peu et à être remplacés par les produits de Mirecourt et du Tyrol. Depuis longtemps déjà le violon a fait son apparition en Algérie, en Tunisie, en Égypte, en Perse, en Indo-Chine, etc., et les joueurs de rebab commencent à se servir de préférence d’instruments européens, moins nasillards et plus timbrés

  1. Ouvrage cité. t. II. pl. BB. fig. 7.