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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/80

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du reste, de revenir sur l’erreur de Fétis, lorsque nous parlerons de la rote.

Les chansons de geste se chantaient avec l’accompagnement de la vièle et de la harpe :

Quand les tables ostées furent,
Cil jugléeurs en pies s’esturent,
S’ont vièles et harpes prises,
Cançons, sons lais, vers et reprises,
Et de gestes canté nos ont.

(Hugues de Mery, le Tournoyemenf de l’Ante-Crist.)

C’est aux sons de la vièle que l’on chantait, dans les rues, les exploits de Charlemagne :

De Karolo clari præclara prole Pipini,
Cujus apud populos venerabile nomen in omni,
Ores satis claret, et decantata per orbem,
Gesta solent melitis aunes sopire viellis.

(Egidius Parisiensis, Carolinus.)

Les deux vers suivants, du Roman de A. Mahomet, par Alexandre Dupont :

Mainte vièle delicieuse,
L’apportent li jongléour.


montrent combien la vièle était goûtée, et expliquent les heureux effets que Constantin l’Africain espérait obtenir pour la guérison des malades, lorsqu’il recommandait de jouer devant eux de la vièle, de la rote et d’instruments semblables[1].

  1. Ante infirmum dulcis sonitus fiat de musicorum generibus, sicut campanula, vitula, rota et similibus. De marborum curatione, lib. I.

    On a bien souvent employé la musique dans le même but. Wekerlin raconte que : « Thalès de Crète trouva dans la musique un puissant auxiliaire contre la peste. En Béotie, Isménias, par son jeu sur la flûte, guérissait les maux de reins. Asclépiade, au moyen de la trompette, rendit l’ouïe à un sourd… Théophraste affirme que les morsures des serpents venimeux ne sont guérissables que par la musique. » Musiciana, chap. vi, p. 122.