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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/83

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Une inscription moderne, pointe sur bois et appendue intérieurement au-dessus de la porte principale de l’église d’Anzy, par les soins de l’ancien curé M. Gauthier, annonce que ce monument aurait été bâti en huit cent quatre-vingts. Mais l’abbé Cucherat[1] prouve surabondamment qu’il y a là une erreur de date, et que la construction de cette belle église romano-byzantine primaire a eu lieu dans la première moitié du xie siècle, très probablement de l’an mil à mil vingt-quatre, après les miracles opérés par les reliques de saint Hugues, premier prieur de ce monastère, que l’on promenait sur les grands chemins pour les faire figurer dans les assemblées ou Conciles tenus par les évêques, notamment à celui qui eut lieu à Anse (Rhône), vers la fin du xe siècle ; et aussi après que le fatal an mil, où l’on s’attendait à la fin du monde, se fut écoulé, car les fidèles, croyant ne plus avoir besoin de rien et espérant gagner ainsi une excellente place au ciel, donnèrent une grande partie de leurs biens aux communautés religieuses. C’est à partir de cette époque que les abbayes et les couvents prirent un grand développement, et qu’à la place de leurs modestes chapelles on construisit de superbes basiliques.

Celle d’Anzy[2] renferme de nombreux chapitaux, tous plus intéressants les uns que les autres, et sur son portail est représentée la vision de saint Jean. Le tympan est occupé par la figure du Christ assis sur un trône et entouré

  1. Le B. Hugues de Poitiers, le Prieuré, l’église et les peintures murales d’Anzy-le-Duc, par l’abbé F. Cucherat, Mâcon, 1862.
  2. Après la Révolution, l’église ne fut pas comprise dans la vente du prieuré et des terres qui en dépendaient, que l’on vendit comme biens nationaux ; elle demeura abandonnée et fut considérée comme une place publique. On y jouait, on y faisait le négoce, dit l’abbé Cucherat, dans plusieurs endroits on avait établi des alambics pour la distillation de l’eau-de-vie. En 1808, elle fut mise en vente par le département et des entrepreneurs, connus sous le nom de bande noire, allaient l’acheter pour la démolir, comme le fut la superbe église abbatiale de Cluny, lorsque quatre habitants d’Anzy, MM. G.-M. Grisard, L. Thomas, A. Bachelet et E. Saulnier, formèrent une société, désintéressèrent la bande noire, avec 300 francs et se virent adjuger ce bel édifice pour la modique somme de 2 800 francs. Ils l’ont offert à la commune d’Anzy qui en a fait, depuis, son église paroissiale.