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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/112

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accordés au diapason alors en usage, il est probable qu’ils auraient perdu beaucoup de leurs qualités, lorsque, par suite de l’élévation du diapason, le tirage des cordes a été sensiblement augmenté. Or, maintenant qu’ils sont accordés à un diapason bien plus élevé que celui en vue duquel ils ont été faits, leur sonorité est absolument parfaite.

On dira peut-être que les cordes employées par les contemporains de Stradivari étaient plus grosses que celles d’aujourd’hui et qu’alors le tirage était le même ? Nous ne le pensons pas, car les violonistes de l’époque n’avaient pas à lutter contre une armée d’instruments à vent, en bois et en cuivre, ni à exécuter des œuvres aussi importantes que les concertos de Beethoven, Mendelssohn, etc., accompagnés par un grand orchestre, ou à se défendre des puissants pianos à queues modernes. Leur ambition était plus modeste, et l’on doit plutôt croire qu’avec la préoccupation constante d’obtenir une grande sonorité, les artistes de nos jours montent, en général, les violons avec des cordes plus fortes qu’on ne le faisait au temps de Stradivari.

S’il pouvait y avoir quelques doutes à ce sujet, voici un passage de la Chélonomie ou le Parfait Luthier qui les ferait vite disparaître :

« Jadis la mode était de tenir les manches fort en avant ; les chevalets, les touches extrêmement bas ; les cordes fines et le ton modéré[1].

« Alors la barre, ce mal nécessaire dans l’instrument, devait être courte et mince, parce qu’il lui suffisait d’avoir assez de vigueur pour résister au poids de cinq à six livres, dont elle était chargée par les cordes. »

L’abbé Sibire nous apprend encore quel était le poids du tirage des quatre cordes (moyenne grosseur d’un violon,

  1. Par ton modéré, l’auteur doit vouloir dire diapason peu élevé, car dans un autre passage il parle du violon accordé au ton de la flûte.