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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/113

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en 1806, époque où le diapason était presque aussi élevé qu’aujourd’hui :

« Il se trouve que la chanterelle pèse juste 19 livres, la seconde 17, la troisième 15 et la quatrième 13, ce qui forme en tout 64 livres. »

On voit que la charge imposée à la table d’un violon était bien moindre en 1700 qu’en 1806, et depuis cette dernière date elle n’a pas diminué. Or, comme l’auteur de la Chélonomie prévient, dans « l’Avertissement », qu’il n’en est que le rédacteur, et n’a fait que coordonner les notes et observations recueillies par Nicolas Lupot pendant un exercice de trente années, on peut donc être certain que les indications données sont exactes ; car Lupot, qui a été un des plus grands luthiers français de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci, a pu facilement étudier les violons des maîtres italiens et a dû être appelé à en restaurer un très grand nombre, qui n’avaient jamais été réparés.

Par suite du tirage des cordes, les tables des anciens violons ayant légèrement cédé, ce qui est très excusable après un service de cent cinquante ou deux cents ans, on leur a mis une barre un peu plus forte ; mais les épaisseurs sont restées telles qu’elles étaient.

L’art du violon n’ayant fait que progresser, afin de permettre aux exécutants de parcourir plus aisément toute l’étendue de la touche, on a donné un peu plus de renversement au manche, qui, de douze lignes, a été porté à treize lignes[1]. Cette augmentation du renversement du manche a été faite aux violons anciens quand on a remplacé la poignée usée.

Il y a cependant des violons de Stradivari qui ont encore la barre et la poignée primitives. Tel est le cas du Messie[2] ;

  1. L’usage de ces anciennes mesures s’est conservé dans la lutherie.
  2. Plusieurs violons de Stradivi ont reçu différents noms. Celui de Messie a été donné à un violon de 1716, par Alard, parce que Tarisio, qui apportait tous