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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/17

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pour consolider la caisse et lui donner la force de résistance nécessaire.

Primitivement, il n’y avait pas toujours des contre-éclisses du côté de la table de dessous : nous avons vu des violons italiens anciens, dans lesquels une petite rainure était creusée sur les bords du fond pour recevoir les éclisses et les empêcher de se déplacer. Dans ce cas, les filets n’étaient que dessinés sur le fond.

Selon Hart, Brensius de Bologne, faiseur de violes du xve siècle, plaçait déjà la barre de la même façon qu’on le fait encore de nos jours. Cet auteur ajoute : « La barre du violon ne sert pas seulement à fortifier cette partie de la table où la pression du chevalet se fait énergiquement sentir ; elle forme encore une partie fort curieuse et profondément intéressante de la construction du violon. On pourrait l’appeler, avec une grande vérité, le système nerveux du violon[1]. » En effet, avec une barre trop faible, la table cède rapidement et les deux cordes graves sont cotonneuses et nasillardes ; par contre, avec une barre trop forte, le côté gauche de la table est comme paralysé et n’a pas la souplesse nécessaire pour suivre les ondulations qui se produisent dans les autres parties lorsque la caisse est mise en vibration, et par suite les cordes basses sont dures, l’émission de certaines notes y devient très difficile.

L’âme, dont nous avons parlé longuement à propos du chevalet du crouth, joue aussi un rôle de la plus haute importance dans la construction du violon. F. Savart déclare qu’elle remplit trois fonctions : « 1o Elle communique le mouvement d’une table à l’autre ; 2o elle rend normales les vibrations des tables ; 3o elle rend immobile le pied droit du chevalet. L’âme ébranle la table dans toute son étendue et, quelle que soit la direction de l’ébranlement, elle le rend toujours normal dans les tables[2]. » En Italie et

  1. Hart. Le Violon.
  2. Cours de physique expérimentale, professé au Collège de France pendant l’année