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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/18

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en France, elle se nomme l’âme, en Allemagne, la voix du violon, et Hart, assez heureux dans ses définitions, dit que l’âme du violon : « remplit avec une infaillible régularité les fonctions du cœur[1] ».

Ce qu’il y a de bien certain, c’est qu’elle exerce une très grande influence sur la qualité du son d’après la place qu’elle occupe : ainsi, lorsqu’on la rapproche un peu des bords, la chanterelle et le la deviennent plus mordants, plus incisifs, plus timbrés ; mais, par contre, les troisième et quatrième cordes perdent en volume et en qualité. Au contraire, si on la repousse légèrement vers le milieu, le ré et le sol acquièrent de suite plus d’intensité et de rondeur. En somme, on peut régulariser la sonorité d’un violon en modifiant l’emplacement de l’âme ; seulement, une main experte est nécessaire pour cela, et bien souvent le résultat n’est obtenu qu’après de nombreux tâtonnements.

Le chevalet, qui sert à la fois à maintenir les cordes à une certaine hauteur et à transmettre leurs vibrations à la table, demande aussi à être réglé avec beaucoup de soin. Trop épais, il produit l’effet d’un étouffoir ; trop mince, le son est maigre ; trop bas, les cordes frisent sur la touche ; trop élevé, le son devient sec et le jeu de la main gauche très difficile. La sonorité change étonnamment, selon qu’il est trop large, trop étroit, ou construit avec du bois dur, léger ou passé ; il en est de même si ses pieds n’adhèrent pas complètement à la table, et si on le place un peu plus à gauche ou à droite. La partie supérieure est arrondie et la quatrième corde plus élevée que la chanterelle, afin de faciliter le jeu de l’archet.

Depuis bien longtemps déjà, la forme du chevalet généralement adoptée est à peu près celle de Stradivari.

En résumé, le violon, qui est de si petite dimension, et, à première vue, paraît si simple, se compose de quatre-vingt-

    scolaire 1838-1839, par M. F. Savart, professeur. Publié dans l’Institut, journal des sociétés et travaux scientifiques, etc., 1re section Sciences mathématiques, physiques et naturelles, 8e année, n° 319, 6 février 1840, p 56.

  1. Ouvrage cité.