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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/180

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brune de toutes. Cela provient sans doute de l’application d’une couche préparatoire sur le bois, laquelle a dû foncer celui-ci avec le temps. Toutefois, les maîtres de cette ville devaient utiliser, en outre, une gomme que l’on n’employa pas dans les autres Écoles d’Italie, et qui donne au vernis de Brescia la douceur de ton si remarquable qui le caractérise.

La plus appréciée et aussi la plus connue, est la pâte dont firent usage les grands Crémonais Amati, Stradivari, Guarneri et quelques-uns de leurs disciples. Ici, il n’y a pas de couche préparatoire sur le bois, comme à Brescia ; par suite, le vernis est très transparent et possède ce reflet doré si profond, qui excite l’admiration. Fait assez curieux : en général, les vernis de l’École de Crémone ne sont pas encore complètement secs, et cela, malgré leur ancienneté. La chaleur les amollit à tel point qu’ils peuvent conserver l’empreinte de la peau, lorsqu’on y applique la main à une certaine température, en été par exemple. C’est la preuve bien évidente que les Crémonais se servaient exclusivement de gommes qui gardaient toute leur souplesse, et nous ne doutons pas que ce soit une des causes de la belle sonorité, chaude, vibrante et si en dehors que possèdent leurs instruments. Mais que ces vernis sont fragiles ! Il ne faudrait pas mettre un violon crémonais, ou tout autre italien de la belle époque, près d’une vitre, ni au soleil ; en peu de temps la couleur de son vernis s’affaiblirait sensiblement et perdrait beaucoup de sa puissance. Ne s’attendant pas à un pareil désagrément, et désireux d’en faire admirer de beaux spécimens, certains luthiers commirent l’imprudence de les exposer dans leurs vitrines ; et la nuance de ceux-ci, de rouge qu’elle était, ne tarda pas à devenir rose pâle. Un œil exercé peut même en deviner la cause assez facilement ; car les Italiens employaient des couleurs végétales, lesquelles ont l’inconvénient de s’éteindre au grand jour.

Également très appréciée, la troisième pâte diffère de la précédente par l’application, et aussi par l’addition de cer-