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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/182

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d’émettre une opinion sur le vernis des anciens maîtres qui honorent l’Angleterre. Quant à celui des deux auteurs que nous venons de citer, il se rapproche sensiblement des vieux Italiens, tout en étant plus épais et plus dur.

V

En France, au xviiie siècle, il y eut quelques jolis vernis, notamment ceux de Bocquay, Pierray, Bertrand. Malheureusement, les luthiers qui suivirent employèrent la gomme laque ou autres produits analogues qui donnent beaucoup de brillant à la pâte, mais la rendent dure et sèche. Ce qui n’est pas très heureux, car le vernis forme alors une cuirasse qui enserre tout l’instrument et lui enlève la souplesse indispensable pour la bonne émission du son. Lupol fut un des premiers à réagir contre cette fâcheuse coutume, et à son exemple, les luthiers français font usage depuis longtemps déjà d’une pâte beaucoup plus tendre.

VI

Que de recherches n’a-t-on pas faites sur les anciens vernis italiens ! Combien d’essais sont restés infructueux ! À maintes reprises les chimistes ont analysé la pâte qui recouvrait des débris d’instruments des vieux maîtres ; et s’ils ont retrouvé à peu près sa composition, ils n’ont pu jusqu’ici déterminer les proportions de ses divers éléments et encore moins indiquer les procédés à employer pour l’appliquer ; il faut bien admettre qu’en raison des produits qu’elle contient, chaque pâte demande à être étendue sur le bois avec un tour de main spécial.

Les vernis employés de nos jours sont généralement beaux. Mais que deviendront-ils avec le temps, car il ne faut pas oublier que les années et la patine y exerceront une influence plus ou moins heureuse ? Espérons toutefois que