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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/184

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XXXVI

25 décembre.

Nuit de Noël. J’ai arrêté ma caravane au milieu de rizières moissonnées. Un léger abri d’indigènes défendant leurs biens contre les oiseaux, se trouvait là tout seul, parmi la paille et sur une aire douce de mouture. Au loin, quelques palmiers émergeaient. La nuit est tombée d’un seul coup, sans lune, resplendissante d’étoiles.

Autour du feu mort, mes coolies et les bœufs des charrettes dorment. Le cri plaintif d’un hibou, chercheur de crabes, a retenti. Et certes, moi aussi, narrasse, le front au ciel, dormirais-je dans ce calme et cet isolement, si mon esprit sollicité par la date, n’avait trouvé à ce lieu sans particularités bien définies, mais que mon imagination transformait insensiblement, un étrange caractère.

Ainsi, autrefois, en Judée, pendant une nuit douce et pleine d’étoiles, à cette heure et dans un paysage semblable, un enfant vint au monde et sa mère l’enveloppa de langes en un abri comparable à celui-ci. Voici la paille, les bœufs — au loin les palmiers. Peut-être, tout à l’heure viendront des