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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/216

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Où devons-nous trouver trace de cet héritage ? Evidemment dans le domaine religieux et mythologique. Elles sont alors nombreuses. Le Râmâyana et le Mahâbhârata sont les poèmes nationaux, très peu modifiés par les Cambodgiens. Le panthéon indou se reconnaît sous toutes les appellations khmères. La langue renferme un grand nombre de mots sanscrits, pâlis, intacts ou dénaturés et concernant généralement la religion, le culte, la philosophie et la royauté. La cythare des bas-reliefs khmers est pareille à celle des balustrades des stupas du Gandhara. Les bijoux des femmes sacrées d’Angkor viennent en droite ligne de l’Inde.

En résumé, on retrouve dans le Cambodge héroïque un fond nettement primitif et aborigène qui se laisse immédiatement reconnaître si l’on en retranche d’une part l’état économique et tout ce qui en découle qui est chinois ; de l’autre, l’état intellectuel et tout ce qui en découle qui est indou. Rendu possible par celui-là ; inspiré et exalté par celui-ci, l’art khmer apparaît dans toute son originalité : il invente le Naga, cette conception unique, la tour à quatre visages, le Garuda-cariatide, les terrasses sur colonnes de Beng Méaléa, les toitures de Vat