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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/57

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Échec et tristesse

C’était quelques jours à peine après le départ de William pour le Loyola College. Lantagnac que la classe de français à jamais close ne retenait plus au salon après dîner, revenait à une ancienne habitude. Il avait allumé un cigare, avait coiffé une casquette, endossé un paletot et reprenait ses marches d’autrefois sur la véranda. La longue pratique des affaires n’avait pas tué en lui le méditatif. Il aimait beaucoup ces promenades du soir. Elles lui permettaient de s’évader des soucis emprisonneurs de son étude de la rue Elgin, des mille tracas de sa vie besogneuse. Ces quelques moments de solitude apportaient une détente à son cerveau, une diversion agréable à l’homme de pensée qui aimait à remuer autre chose que des chiffres et des articles de code. Ce soir de fin de septembre, Lantagnac éprouvait plus que jamais le besoin de se sentir seul. La petite révolte de William l’avait beaucoup affecté. Il y voyait un échec considérable de ses projets à l’égard de ses enfants.

— Ils sont deux au moins, deux, peut-être trois, martelait-il avec amertume, qui vont m’échapper. Wolfred, il est vrai, s’adonne à