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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/58

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L’APPEL DE LA RACE

l’étude du français ; il s’y est mis passionnément. Mais à quoi bon me faire illusion ? Ce Wolfred n’est en somme qu’un dilettante, un affamé de culture. Quant à Nellie, une enfant d’un entêtement effroyable et que sa mère a totalement reprise, qu’attendre de celle-là ?…

Il en était là de sa mélancolique méditation, lorsque Virginia parut sur la véranda. Il l’avait aperçue, à travers les rideaux, sous le store à demi baissé, qui prenait son manteau et se préparait à sortir. Sa cadette, il le devina, s’en venait marcher avec lui ; il s’en trouvait bien aise. En ces derniers temps, Virginia lui était devenue une véritable confidente ; avec elle, il le savait, il pouvait ouvrir son cœur entièrement.

— Acceptez-vous une compagne, mon papa ? Je n’aime pas vous voir seul, lui dit-elle avec une gronderie affectueuse. Il me semble que vous broyez du noir.

— Tu es toujours la bienvenue, tu le sais, ma Virginia, répondit-il, lui offrant son bras.

Puis, évitant de répondre à la réflexion de son enfant :

— Voyons, où en es-tu de tes études de français ? Raconte-moi cela.

— Oh ! mais cela va très bien, le mieux du monde, commença tout de suite Virginia, avec l’élan, la chaleur qu’elle mettait en tous ses discours. Vous l’ai-je dit ? je n’ai plus seulement un maître de français ; j’ai aussi une maîtresse ? Il me fallait bien employer à quelque chose l’ar-