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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/80

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mes mémoires

qu’en toute logique et toute loyauté, il faudrait proposer la fondation immédiate à Montréal d’une École normale supérieure, école qui deviendrait obligatoire pour tous les professeurs de notre enseignement secondaire. Mais voilà, cette idée, je puis bien continuer de la préconiser, comme je le fais depuis longtemps, soit en conversation, soit par correspondance ; je ne pourrais la jeter dans le public, sans me donner l’air de faire la leçon à quelques personnages de qui relève une si urgente fondation.

Voilà, cher Monsieur le sénateur, les raisons très franches pour lesquelles, même en bonne santé, je n’aurais pu écrire l’article que vous m’avez fait l’honneur de me demander. Les réserves que j’y aurais faites auraient pu nuire à la fondation d’Outremont. Je crois qu’il faut éviter tout potin malencontreux. Et je garde espoir, malgré tout, que le Collège Stanislas finira par s’orienter dans le sens que nous désirons.

Veuillez agréer l’assurance de ma haute considération,

Lionel Groulx, ptre

Entre-temps j’ai converti à mon projet d’École normale supérieure, mon ami Athanase Fréchette qui rédige alors un petit hebdomadaire assez répandu et fort combatif : La Boussole. J’ai même remis au notaire tout un dossier sur le sujet. Dans ses papiers, le rédacteur de La Boussole note, en outre, une conversation entre nous deux, au mois d’août 1938. Un évêque, lui aurais-je confessé, m’avait proposé de faire le tour de tous les évêques suffragants de l’Archidiocèse de Montréal pour leur exposer l’urgente fondation d’une École normale supérieure. Athanase Fréchette n’a pas tardé à se mettre à l’œuvre. Une lettre de moi, en date du 16 septembre 1938, en témoigne : « Je viens de lire, dans La Boussole, l’article que vous avez écrit pour la réforme de notre enseignement. Je vous félicite et vous remercie en particulier pour votre paragraphe sur la nécessité d’une École normale supérieure. Il faudra revenir à la charge. Je vous envoie, annexée à cette lettre, une page d’un Mémoire de M. Pierre Dupuy de Paris, mémoire qui a occasionné, pour une bonne part, la fondation du Collège Stanislas. Vous y verrez quelles objections l’on fait valoir, en certains milieux, contre la fondation