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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/81

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MARIE-DIDACE

Sur la route le père Didace avançait, luttant contre le froid.

— Arrête te chauffer, lui cria David Desmarais. Viens tirer une touche.

Chaque syllabe se détachait, nette, dans l’air sonore.

— Non, refusa brièvement Didace.

— C’est-il l’hiver, quoi ? Y va-t-il neiger pour tout de bon ?

— Ah ! je peux rien te promettre. Mais… ça sent la neige. Temps pommelé, fille fardée, de peu de durée…

— Quand le monde commence à avoir le dos rond, c’est l’hiver, dit encore David Desmarais en regardant Didace s’éloigner, la tête dans les épaules.

Il n’était pas retourné à la maison qu’un nuage de neige s’abattit.

« Non, c’est pas la neige. Non, c’est pas l’hiver. Seulement un brouillard », s’entêta Angélina, en allant prendre dans la remise le balai de sapinage pour enlever la neige sur les marches et sur le routin.

Mais au bout, la route lui apparut toute blanche, comme un grand bras endormi sur la terre. Aussi longtemps que la route gardait l’aspect de l’automne, Angélina avait cru au retour du Survenant. Avec les neiges, la route changeait. L’hiver ramè-