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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/128

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pendant que les grévistes menacent de tout briser et de tuer les camarades qui voudraient travailler, j’ordonne aux gendarmes de ne pas mettre le nez à la fenêtre de leur gendarmerie, et je donne congé aux commissaires de police pour qu’ils aillent faire un voyage d’agrément.

— Mais 1 fr. 50 ! C’est la ruine absolue. Impossible.

— Eh bien ! mettons 0,75.

— Ce n’est pas possible.

— C’est mon dernier mot. Si vous ne cédez pas, ni commissaires de police, ni gendarmes, ni troupes. Débarbouillez-vous, comme l’a dit Maret.

Pour conclusion à ce marché, les directeurs de houillères seraient en droit d’ajouter :

— Et combien, monsieur le Ministre demande-t-il pour son compte personnel ?

Ce n’est pas encore tant les ventilateurs et les machines qu’il est nécessaire de protéger que les mineurs qui voudraient travailler, et qui ne le peuvent pas, mais qui par cela même qu’ils sont suspects de tiédeur, sont en butte à toutes sortes de vexations et de mauvais traitements. Faudra-t-il que le malheureux, exposé à être battu, blessé, peut-être tué, paye pour se faire garder ?

Cette mise à prix de la sécurité a existé sous la féodalité, quand les services publics étaient considérés comme des propriétés privées. Elle y a même survécu sous l’ancien régime. On dit qu’il y a des fonctionnaires qui n’ont pas complètement abandonné ce système en Espagne et en Italie. Il se pratique encore dans certains pays de l’Orient et chez les peu-