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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/129

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plades africaines. L’individu doit payer pour être protégé. S’il ne paie pas et qu’il lui arrive malheur, tant pis pour lui.

Ce que demandent M. Millerand et ses amis, c’est le retour à ces procédés barbares.

Je sais qu’ils répondront qu’il ne s’agit pas d’exiger des compagnies houillères de l’argent pour des ministres ou des fonctionnaires, mais pour des grévistes. Soit ; mais le principe reste le même : c’est la mise à prix de la sécurité !

C’est la proclamation de cette théorie que nul n’a le droit d’être protégé que selon le bon plaisir de ceux, petits ou grands, qui détiennent la police.

D’après le système de MM. Millerand et Maret, un maire dans une commune pourrait dire aux gens qui ont le mauvais goût de lui faire de l’opposition :

— Tant pis pour vous, si vous êtes volés ou assommés. La police ne vous protégera que lorsque vous serez revenu à de meilleurs sentiments à mon égard.

Maret a quelquefois fait de l’opposition à des gouvernements. Je suppose que l’un d’eux lui eût dit :

— « Si vous êtes assommé un de ces soirs en revenant du théâtre et jeté dans la Seine du haut du pont des Saints-Pères, ne vous en prenez qu’à vous. Vous ne pouvez pas me forcer à vous protéger. Débarbouillez-vous dans la Seine. »

Je suis convaincu que Maret aurait trouvé le procédé détestable sous tous les rapports.

Il y a des individus qui voudraient vivre volontiers du bien d’autrui. D’après le système de Maret, on dirait aux riches qui ne voudraient pas leur permettre de vivre de fainéantise :