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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/176

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vailler quand cela lui convient, sans consulter tes convenances.

— Il me fait voter.

— Mais quand ses chefs ont parlé.

— Eux savent ce qu’il faut faire.

— Donc, tu t’en fies à leur sagesse que tu reconnais comme supérieure à la tienne. Au lieu de décider par toi-même, tu remets ta volonté entre leurs mains. C’est une preuve de modestie.

— Mais autrefois, c’était le patron qui décidait.

— Mais il décidait de te faire travailler le plus possible. Maintenant, le syndicat décide de te faire travailler le moins possible.

— C’est toujours autant de gagné.

— Sauf ce détail que le syndicat ne peut te donner de ressources qu’en les prenant à d’autres.

Ce socialiste docile me rappelle un officier que je trouvai il y a une quinzaine d’années dans une ville d’eaux. Il me dit, la première fois qu’il m’aborda :

— Je m’ennuie terriblement.

— Les médecins ont cependant soin de vous occuper suffisamment, en espaçant les verres d’eau du matin, en vous faisant pérégriner de telle source à telle source, en vous reprenant l’après-midi par des douches et d’autres verres d’eau.

— C’est égal. Cela ne me suffit pas. Il me reste trop d’heures libres pendant lesquelles je ne sais que faire… j’ai hâte de regagner la caserne où tout est réglé.

J’appris ensuite que cet homme, qui ne manquait pas d’une certaine intelligence, mais qui était dépourvu d’initiative et de volonté, avait commencé