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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/273

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cuisine de l’avenir la géophagie et l’anthropophagie ?

V. — Supposons que les socialistes arrivent à constituer la nation sur un type plus ou moins rapproché de celui qu’ils tracent, l’expérience universelle nous permet d’affirmer la prévision suivante.

Dans l'état socialiste, tous les individus doivent être coulés dans le même moule, recevoir la même empreinte. Ne savons-nous pas que l’élève des Jésuites est frappé d’un cachet particulier ; que le prêtre défroqué, que l’officer démissionnaire conservent toujours des habitudes d’esprit et de corps qui les font reconnaître ? Dans l’organisation socialiste, point d’individualités ; des numéros passifs.

Voyez deux républiques : la plus individualiste des cités antiques, Athènes, avec Thémistocle, Périclès, Thucydide, Phidias, Xenophon, Platon et Aristote, fils de son territoires ou de son adoption, léguant les chefs-d’œuvre de l’art et de l’intelligence à l’admiration du monde : et à côté, la communiste Sparte, dans laquelle un hoplite ressemble à un hoplite, et dont nous ne connaissons les héros que par les écrivains de sa rivale.

Le progrès ne s’acomplit que par la division du travail, donc par la diversité des aptitudes : là où tous se ressemblent, il y a stagnation. Une société socialiste réussie serait à nos sociétés actuelles, ce qu’est une méduse relativement à un mammifère : une masse homogène, mais inerte.

Dans les civilisations où le travail servile et la contrainte, ont fait place au travail libre, les efforts